Les IPSA

Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air

Inter Arra Caritas



C'est au sein des trois sociétés de la Croix-Rouge Française (CRF) que se formèrent les premières équipes d'infirmières de l'air, en 1932. Né à Paris, la spécialité d'infirmière de l'air se développa en Province : Reims, Dijon, Bordeaux, Lille... etc mais aussi aux colonies. Les sections firent leur apparition en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, et surtout en Algérie). En 1934, les fondatrices furent : la Marquise de Noailles pour l'ADF., la Baronne Françoise Schneider pour la SSBM, et la Baronne Lilia de Vendeuvre pour l'UFF.



Le Président d'alors, le Marquis de Lillers, admit que quelques infirmières diplômées pourraient suivre des cours spécialisés qui leur permettraient de servir en cas d'urgence, soit sur un terrain, soit à bord d'un avion, pour convoyer un malade, de faire un transport de médicament, ou d'accomplir plus tard, en 1937, des missions de secours parachuté.

Cette même année l'Amical des IPSA naquit, ce qui mit fin aux trois groupements sociétaires. Une nouvelle tenue apparut :


Les infirmières de l'air étaient formées au pilotage, mais aussi au parachutisme (brevet technique de parachutisme). Très vite les infirmières demandèrent l'autorisation d'apprendre à piloter.

Lors des heures de vol, elles devaient accomplir un travail se rapprochant le plus possible de celui qu'elles auraient à accomplir : réfection de pansement, distribution d'oxygène, surveillance du pouls... etc. Ces exercices étaient effectués sur différents genres d'avions sanitaires, mais le plus utilisé est le Caudron C-510 dit le Pélican, un quadriplace qui pouvait accueillir une infirmière et un brancard. La CRF prit une position de prudence et les néophytes furent averties qu'elles pouvaient se faire breveter pilotes de tourisme à leurs risques et périls et aussi à leurs frais (le prix du brevet coûtait de 3 à 5 milles Francs). Les infirmières de l'air, qu'elle fussent élèves pilotes ou seulement passagères pour totaliser les heures de vol imposées par leur règlement, se familiarisèrent avec l'atmosphère pittoresque des terrains ; elles apprirent peu à peu le comportement spécial, fait de prudence et d'astuce, indispensable à acquérir pour mettre en confiance le monde fermé de l'aviation. Les candidates devaient passer un examen médical dans l'un des centres médicaux de l'aéronautique civile (aptitude physique et psychologique à pratiquer le vol aérien), justifier d'un certain nombre d'heures de vol et avoir reçu une instruction spécialisée (médecine aéronautique et notions générales d'aviation). 


Au début de 1939, il apparut qu'un organisme était nécessaire pour venir en aide à l'armée de l'Air, notamment aux militaires les moins favorisés, aux mécaniciens et ouvriers. C'est ainsi qu'apparut l'Entr'aide Aviation qui, jusqu'à l'armistice, fît travailler une soixantaine de bénévoles. Pour celles de la première heure, le sacrifice commença en entrant dans l'association : plus de dimanche, plus de loisirs, plus de soirées libres : la vie personnelle réduite était à peu de chose, le budget des "frivolités" brusquement supprimée ou à peu près, au profit des heures de vol et des déplacements en province. Aucun budget, aucune subvention ; seuls l'Aéro-Club de France et deux ou trois dames mécènes de l'aviation féminine firent des dons généreux en argent ou sous forme d'avion sanitaire. L'Amicale comptait environ 200 infirmières brevetées dont 45 brevetées de pilotes. Tous les dimanches de l'année scolaire et, plus souvent encore pendant la belle saison, les équipes se rendaient sur les terrains pour s'y familiariser avec les exercices de brancardages, le maniement au sol des parachutes, l'installation de postes de secours, bref, pour s’intégrer complètement à la vie des terrains et aussi pour habituer le monde de l'aviation, depuis les pilotes jusqu'aux mécanos, à la présence fraternelle d'infirmières, d'assistances, d'élèves pilotes portant la croix rouge sur leur serre tête bleu foncé.



Au moment de la déclaration de guerre, aucune affectation n'était prévue. En effet, le travail d'aviation accompli depuis 1932 l'avait été seulement dans le domaine de l’aéronautique civile et non dans celui de l'aviation militaire. Les infirmières de la CRF qui avaient acquis la spécialisation aéronautique IPSA servirent aux différents postes de guerre où elles furent appelées. Les diverses sections fonctionnèrent sans arrêt : Service Social – Consultations Médicales, Juridiques – Paquets – Placement – Jeux (dont faisait partie Joséphine Baker) – Tricots – Secours et travail à domiciles – Transports automobiles. Pour Noël, plus de 40 000 colis furent confectionnés et expédiés au front. C'est pourquoi à la mobilisation, les équipes servirent dans l'Entr'aide Aviation ou dans des formations sanitaires (sur le navire hôpital, dans les trains sanitaires et les ambulances chirurgicales). 

Le printemps tragique de 1940, l'exode. Le service automobile transporta jusqu'à la frontière les produits pharmaceutiques, les vêtements chauds et les vivres qui affluaient de toute la France. Les conductrices multiplièrent les transports automobiles vers le Sud des malades et des enfants évacués. Elles reçurent un jour un S.O.S. de la Croix-Rouge belge et, dans l'heure qui suivit, 3 voitures IPSA, avec 5 conductrices et assistantes roulaient vers Bruxelles. Pendant 5 jours, sous les bombardements, elles ont procédé à l'évacuation des familles, particulièrement des malades, dans la ville et sa périphérie, pendant que les armées allemandes poursuivaient leur avancé. Le 15 mai, sous un bombardement intense, la petite équipe se dirigea vers Paris ; les routes étaient toutes occupées d'épaves humaines... L'une des conductrices fut blessée d'une balle de mitrailleuse en protégeant deux enfants. Le groupe totalisa des milliers de kilomètres pour convoyer des vieillards, des malades, évacuer des hôpitaux.


Dès l'armistice, on créa la "Mission de Recherche des Morts et Disparus de l'Armée de l'Air". L'identification des aviateurs morts nécessitait des connaissances techniques particulières. Et dès août, on lança les services ambulanciers. Des hôpitaux et camps de prisonniers de l'Aisne, on pouvait remarquer sans peine les nombreux avions abattus, écrasés dans les campagnes. À leurs côtés, les tombes des aviateurs étaient généralement anonymes. D'autre part, du service Prisonniers de l'Armée de l'Air arrivaient d'innombrables demandes de recherches d'aviateurs disparus au cours des combats de mai et juin 1940. En effet, généralement, les corps de ceux-ci étaient carbonisés ; seule donc l'identification de l'appareil et la relation du combat par le chef de groupe pouvaient permettre d'inscrire un nom sur la croix inconnue. La spécialisation aéronautique IPSA les désignaient pour cette pieuse tâche. De plus, seules les enquêtes effectuées sur place s'avéraient efficaces et le service d'ambulancières des camps de prisonniers leur permettait de circuler en zone interdite,  précisément là où les avions abattus et les tombes étaient les plus nombreux. Pour réussir, des annonces furent insérées dans les journaux locaux du Nord et de l'Est : 

"I.P.S.A. demande qu'on lui signale avions abattus et tombes d'aviateurs"

Un courrier considérable parvint, signalant environ 500 avions abattus, tant Français que Anglais*.


Les IPSA n'ont pu servir que comme conductrices, infirmières ou en aidant les personnels de l'aviation au travers de l'Entr'aide Aviation. Après le mois de juin 1940, l'Amicale fut presque en sommeil. Quelques IPSA servirent de conductrices à la section des prisonniers de l'armée de l'Air pour des transports de blessés ou de colis. Leurs actions perdurèrent jusqu'à la fin de la guerre, pour reprendre de nouveau dans les avions, pour la guerre d'Indochine.

Adeline RODRIGUES
Membre de la section Air du Collectif France 40

* C'est Germaine L'Herbier-Montagnon et son équipe qui se chargeront de retrouver les dépouilles des aviateurs alliés. (NdlR, merci à M. Vincent Lemaire pour la fourniture du lien)

Sources :

  • Anonyme, Les IPSA, Section aviation de la Croix-Rouge française, 1943
  • PINEAU Frédéric, Les femmes au service de la France tome 1, Histoire & Collections, 2006

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