Bilan de la campagne

L'armée de l'Air a-t-elle joué son rôle ?


Le bilan de l'armée de l'Air est loin d'être glorieux. Certes les aviateurs français se sont battus avec courage et abnégation ; il y a eu des exploits, comme le bombardement de Berlin par le Jules Verne ou le quintuplet de Pierre Le Gloan. Mais l'armée de l'Air a sa part de responsabilité dans la défaite alliée de mai et juin 1940.

La chasse a failli :

La chasse française a connue une certaine inflation durant le conflit. Si le nombre d'unité n'a pas véritablement augmenté, le potentiel des groupes de chasse a, en théorie, été augmenté.

Cependant, cela n'a pas suffit. La chasse s'est rapidement retrouvée débordée et incapable d'assurer toutes les missions qu'on lui demandait. Pis ! elle dût même épauler le bombardement pour stopper les blindés allemands et même l'aviation de reconnaissance !

Malgré les 6391 victoires sures revendiquées (armée de l'Air et Marine), force est de constater que notre aviation de chasse n'a pas été en mesure de protéger, ni les troupes au sol, ni les villes ; la mise en place de patrouille d'usine n'a pas permis une défense efficace des centres de production. La faute n'en revient pas aux pilotes, qui n'ont pas démérité. Des unités éparpillées le long du front ou sur le territoire et dotées d'un matériel aux performances souvent insuffisantes ne pouvaient pas faire de miracle. De plus, avec la perte d'une partie du territoire, le système de guet s'était trouvé désorganisé. Bref, beaucoup d'éléments expliquent le manque d'efficacité de l'aviation légère de défense.

 
 Gants de vol en cuir
Casque de vol Airelle type 11, 12 ou 14
Chaussons de vol


Le renseignement, un métier ingrat :

Si au début du conflit le matériel de l'aviation de renseignement était majoritairement à remplacer en mai 1940, les groupes de reconnaissance étaient essentiellement rééquipés en Potez 63-11 et quelques uns possédaient des Bloch MB-174. De même, de façon globale, la moitié du parc aérien des groupes aériens d'observation2 était constitué de Potez 63-11.

Malgré les bonnes performances du matériel, il restait, comme ses "rivaux étrangers", vulnérables face à la chasse allemande. Opérant souvent sans escorte, dans un ciel dominé par l'aviation ennemie, les équipage de l’aviation de renseignent payèrent un lourd tribut. Contraint à des vols à très basse altitudes, ils étaient, en outre, vulnérables face aux tirs venus du sol. De plus il ne pouvaient alors utiliser leur radio de bord pour transmettre rapidement les renseignements recueillis.

Lorsque ceux-ci étaient rapportés, il furent rarement exploités, faute d'un système de transmissions des informations suffisamment rapide. Cela fut accentué avec la débâcle. Quelle ne fut pas la colère de tel commandant de groupe en voyant les photographies ramenées au péril de leur vie par trois hommes de son unité étaient maintenant brûlées car ayant perdu toute utilité. Un autre parlera de sentiment d'impuissance en constatant à quel point les renseignements que ramenaient ses équipages ne pouvaient être exploités.

 
 Veston de cuir SIP type 30
 Salopette de vol en cuir (il manque les bretelles)

Le bombardement, grand absent ?

L’aviation de bombardement fut celle dont la modernisation prit le plus de retard. L'offensive allemande du 10 mai 1940, la surprit dans une position délicate. Néanmoins, grâce au matériel américain, six groupes purent être rapidement convertis.

Toutefois, nos bombardiers eurent peu d'efficacité. D'abord, après une première mission meurtrière, le bombardement d'assaut dut revoir sa doctrine : il dut trouver une autre façon d'opérer, avec un appareil dont l'équipement ne permettait pas forcément autre chose que l'attaque en vol rasant. Les bombardiers plus conventionnels furent majoritairement utilisés en dépit de leur performances, à une altitude ne leur permettant d'échapper ni à la Flak, ni à la chasse allemande ! Enfin, il convient de rappeler, qu'à cause du lent cheminement des informations et des ordres, les missions étaient déclenchées trop tard ! Ainsi, bon nombre d'appareil manquèrent leur objectif, parce qu'il n'était déjà plus là... C'est ce qui explique, en plus des tactiques d'emploi, le manque d'efficacité de nos bombardiers pour juguler ou, au moins, ralentir l'avance allemande.





 Insigne métallique de pilote
le dessin n'a pas évolué depuis 1916
Insigne métallique d'observateur en avion
introduit en 1916, il semble disparaître après-guerre
Insigne métallique de mitrailleur ou radiotélégraphiste
introduit en 1916, il semble disparaître après-guerre


L'armée de l'Air de mai et juin 1940 était sujette à de multiples problèmes internes : modernisation en cours, manque d'effectif, tactiques inadaptées... Le conflit sur l'utilisation des avions entre elle et l'armée de Terre n'arrangeait rien. Nos équipages, leurs mécaniciens et tout le personnel nécessaire à la mise en œuvre des moyens aériens n'est donc pas le premier à blâmer... au contraire ! Les raisons du manque d'efficacité sont à rechercher aux niveaux supérieurs : ceux du commandement et du politique !

La tenue :

La tenue constituée à partir des éléments précédents. Elle est davantage aperçue pendant l'hiver 1939-40, dans les divers types d'unité aérienne.

Le casque est le modèle Airelle type 11 (ici peut-être un modèle d'après-guerre type 12 ou 14) fabriqué par Guéneau ou Zinszner. Les lunettes de vol sont de marque Merowitz. Même si ce n'est pas le modèle standard, on l'aperçoit encore.

Sous son ensemble de cuir, notre homme à revêtu un pull à col roulé pour se protéger du froid. Il existait des sous-vêtements chauffants, mais ils ont parfois été distribué tardivement. Les membres d'équipages devaient donc faire avec les moyens du bord.

Les chaussons de vol ne sont pas encore enfilés. Ils n'étaient pas imperméable et leur fermeture zip était fragile. On leur préférait parfois des brodequins.


Romain Lebourg
Administrateur de la Section Air du Collectif France 40
Membre de France 40 reconstitution et Normandie-Bretagne reconstitution
Auteur du Blog de l'aviation de reconnaissance et d'observation

Notes :

1 Décompte de l'auteur, à partir des appareils revendiqués, en prenant garde d'éliminer les doublons lorsque des pilotes de différents groupes ont participé à une même victoire. Selon les études d'Arnaud Gillet, il n'y aurait eut que 305 victoires homologuées pour la campagne contre l'Allemagne. Notons que, concernant l'Aéronautique navale, il semble qu'aucune démarche d'homologation n'ait existé.
2 Voir l'article suivant pour plus de précisions.

Sources :
  • Ehrendardt Christian-Jacques, Le bombardement français tome 1 1939-40, Aérojournal HS n°5, 2003
  • Ehrendardt Christian-Jacques, Numéro spécial mai-juin 1940, Aérojournal HS n°30, mai-juin 2018
  • Facon Patrick, L'histoire de l'Armée de l'air : une jeunesse tumultueuse (1880-1945), coll Docavia n°50, éd Larivière 2004
  • Jouhaud Edmond, La vie est un combat, Fayard, 1974
  • Mariage Pierre, L'adieu aux ailes, France-Empire, 1967

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